Créer un jeu en 35 heures ? Récit d’une « Game Jam »

Une « Game Jam », vous en avez entendu parler, sans forcément savoir ce que cette expression signifiait ? Rassurez-vous, nous sommes toutes et tous passés par là, et non, ce n’est pas une « confiture de jeux » même si nous serions curieux.ses de voir le résultat…

Une Game Jam, c’est la réunion d’êtres humains assez fous pour passer 24, 48 ou 72h à créer un jeu ensemble. Un peu comme ces stages intensifs pour décrocher le Code de la Route vitesse grand v, mais ici et en toute logique, on s’amuse puis on prend du plaisir. Ce furent en tout cas les mots d’ordre de la Boardgame Jam signée IELLO, à laquelle Jérémy, qui a rejoint notre équipe récemment, a pu participer. Il vous résume ce week-end de créativité sous le signe de la mixité !

Bannière IELLO BOARD GAME JAM

« La mécanique principale de votre jeu devra impliquer l’usage de dés » : voici la contrainte, dévoilée le samedi 26 mars à 10h. Un compte à rebours est lancé : les 15 équipes ont 35 heures pour créer un Print and Play (avec le jeu de société en kit, à imprimer) prêt à être joué. Première Game Jam pour quelques un.e.s des 33 participants, il a déjà fallu intégrer les codes de ce type d’événements… « Jammer » peut vite nous porter vers certaines dérives comme celle du travail ininterrompu et parfois forcé, il faut donc faire preuve de discipline.

Idéation, boulot, repos…et on recommence !

Contre toute attente, nous avons été assez sages. Enfin, au début, mais nous y reviendrons… Faisant équipe avec des inconnu.e.s, nous avons commencé par un temps de rencontre, de découverte. Et tout cela à distance, mentionnons-le. Si le télétravail a ses défauts, il permet au moins de créer sans frontière, sans barrière physique, à condition de bien s’écouter pour mieux se comprendre. Une fois notre équipe bien en phase, les idées ont vite décollé. Naturellement, nous avons trouvé notre équilibre. Vincent et Juliette sont devenus les pros de l’idéation entre deux croissants. Pour Jérémy et Salomé s’ouvrait un combat à corps perdu afin de mettre un peu de leurs marottes respectives dans le jeu : l’éducation pour l’une (déformation professionnelle oblige) et l’amour pour l’autre (sans doute trop de comédies romantiques…).

À l’heure où 92,6% des auteurs des 400 jeux de société les plus cotés sur BoardGameGeek sont des hommes blancs, il était important pour nous de monter une équipe mixte. Très loin de figurer sur une liste aussi prestigieuse, cela ne nous a pas empêché de commencer à déconstruire ces statistiques. Un participant sur trois participants de la Game Jam était une participante. 33,33%, c’est pas encore idéal, nous en sommes bien conscient.e.s. Nous étions donc fier.e.s d’avoir composé une équipe mixte, ce qui devrait être la norme.


Les grandes étapes

  • 10:11 am > émergence des envies de chacun.e derrière un étendoir à linge ou un chocolat chaud, mise en commun, débat et choix d’un thème embrassant un maximum de désirs et idées des membres de l’équipe
  • 11:13 pm > projection des idées, systèmes et mécaniques sur une carte heuristique collaborative (mindmap)
  • 14:16 pm > début de conception du jeu avec une répartition des tâches selon nos champs d’expertise. Il y avait donc Vincent au graphisme, Jérémy à la narration, Juliette aux règles et Salomé au prototypage. La réalité est plus complexe et il y a eu beaucoup de glissements d’un domaine à l’autre comme vous pouvez l’imaginer…
  • 17:20 pm > quasi moment de grâce, après l’impression laborieuse du Print & Play, place à la découpe et l’assemblage des divers éléments du jeu. Une fois la V1 du jeu prête, nous avons activé les caméras et joué tous ensemble. L’heure était dédiée aux premiers tests
  • 20:03 am > tunnel de fin assez fastidieux puisque le jeu ne cesse d’évoluer alors que la nuit tombe et qu’il faut se presser de créer de nouveaux éléments de jeu, de clarifier les règles. Bref, de terminer notre prototype !

Après, très exactement, dix-sept heures et trente minutes de travail, notre équipe a pu aller se coucher. Les derniers détails seraient finalisés le lendemain, mais quelques heures de sommeil s’imposaient… On peut maintenant vous le confier, il est quasiment impossible de rester sage lorsqu’on s’engage dans la création d’un jeu de société en 35h. C’est l’essence même d’une Game Jam : se laisser emporter ! Sur un temps limité, cadré à la minute près, ce qui a de quoi rassurer, motiver. Au point de rencontrer un drôle de paradoxe pour un exercice de création régi par les heures : réussir à en oublier nos montres. Celles qui peuvent frustrer, stresser, restreindre dans le cadre professionnel, s’évaporent le temps d’un week-end à la croisée de l’idéation, de la passion et des folies créatives. Il en est ressorti ce party-game, si vous êtes curieux.ses et que le cœur vous en dit.

Board Game Jam IELLO Décennies Dés

Il ne vous reste plus qu’à l’imprimer et le découper pour jouer en famille, entre amis et même entre collègues !