Le sexisme est partout et il est grand temps de le faire comprendre à ceux qui l’ignorent (et il y en a un paquet).
Depuis 2015, le site indépendant Paye ta Schnek recueille et diffuse quotidiennement des témoignages de harcèlement de rue, permettant ainsi de confirmer qu’il existe un réel problème de société. Fort de son succès, de nombreuses variantes du site ont vu le jour afin de dénoncer d’autres aspects du sexisme (un récent article du Monde fourni un dossier des plus détaillés sur la question).
Début 2017, un nouvelle variante est apparue : Paye ton Jeu qui traite du sexisme ordinaire dans le monde du jeu en général.
« Le jeu c’est pour jouer, quitte à piétiner les autres »
« On relevait constamment du sexisme ordinaire sur une grosse communauté de joueurs […] quand on souligne ces propos sexistes, on se retrouve face à des joueur-euse-s, créateur-ices, qui nient le sexisme dans le jeu. Le jeu c’est pour jouer, quitte à piétiner les autres, tant qu’on s’amuse, on ne doit donc pas parler des problèmes » nous confient Hélène et Virginie, les deux fondatrices du site, respectivement vendeuse dans une boutique de jeu de société et médiatrice ludique, toute les deux très impliquées dans le monde du jeu.
Si on entends parler de misogynie dans le jeu vidéo depuis le boom de l’article de Mar Lard en 2013 et qu’il n’est plus à prouver que le monde du jouet est d’un sexisme purulent, les deux créatrices de Paye ton jeu nous rappellent que « nous sommes dans une société sexiste et cela se traduit dans tous les domaines du jeu […], jeux de société, jeux de rôle, jeux vidéo… ».
Selon elles, c’est surtout la forme du sexisme qui change d’un média à un autre, « sa manifestation est plus violente dans le gaming par exemple (insultes, …), le monde du jouet est lui aussi très touché mais avec des propos plus insidieux.»
La forme et l’expression du sexisme diffèrent, pas la présence.
C’est sérieux, on joue
On appréciera particulièrement la mise en avant du monde du jeu de société et du jeu de rôle, un domaine dont on entend moins parler lorsque l’on parle de sexisme ordinaire. Les deux tumblrina soulignent le fait que le jeu de société « est peu considéré comme un médium, il est donc très peu politisé et laisse très peu de place pour les réflexions autour des questions sur le sexisme. »
Espérons que Paye ton jeu soit un premier pas vers une plus grande conscience des enjeux de nos actes. Même si on joue pour s’amuser, assurons nous que ça ne soit pas au détriment des autres.