La Mad Jacques, cette fabrique à rencontres

Loin de l’offre classique des festivals de ce week-end comme le Yeah Festival, We Love Green ou encore Le Bon Air, la Mad Jacques a fait son entrée à 300km/h dans notre cœur. On vous raconte cette course en stop géante en 5 Mad-étapes.

6h45. Mad-départ de chez soi

Faire du stop, c’est bien. Déguisé, c’est mieux et c’est surtout fortement recommandé par Jacques. Alors, pour augmenter nos chances de séduire nos gentils conducteurs, on a enfilé nos costumes de mariés, robe blanche à traîne et noeud papillon direction le départ officiel sous les Nefs à Nantes. La supercherie marche. A l’heure où les derniers clubbers du Warehouse ou du Macadam prennent le TRAM, ça crie « Vive les mariés » !

Quelques minutes plus tard, on rencontre nos premiers « Mad Jacqueurs » sur le pont Anne de Bretagne : un duo du célèbre personnage du livre « Où est Charlie ? » : « Ah bonjour les mariés, vous savez si c’est par là ? ».

Plus, on avance vers le point de départ, plus on croise des duos improbables : des bonnes sœurs, des matelots, des hippies, des hawaïennes, des prisonniers, des policiers, et même des skieurs avec bâtons, combis, marques de bronzage, et skis aux pieds. A 8h, le top est lancé. C’est parti pour une course en auto-stop de 450km jusqu’au village de Chéniers, au beau milieu de La Creuse. A peu près à la même heure, on part de Paris, de Bordeaux, de Lyon, de Montpellier, de Lille,…

Publiée par Pitou Lam sur dimanche 3 juin 2018

 

8h02. Mad-stop

Rien ne sert de courir, il faut…trouver une voiture. Pas très bien réveillé, notre premier chauffeur nous prend sans comprendre vraiment la requête. Nous ferons 300 mètres dans sa voiture. Court mais intense. Juste le temps d’expliquer ce « carnaval matinal » et de se rendre compte qu’on ne va pas du tout dans la même direction.

De 8h02 à 16h30, nous avons voyagé dans 19 voitures différentes : monospace, petite 106, fourgon des années 90,… Il y a eu notre super téléopératrice de Mondial Relay qui partait au travail . Kévin qui s’apprêtait à rejoindre des collègues pour une journée de chute libre. Aviateur dans l’armée, il nous a parlé de ses voyages au Mali et de la beauté des paysages. Ensuite, on a croisé la route de Jean-Paul qui avait débauché le travail à 5h du matin, trainé un peu avec les copains et qui ramenait des croissants à sa femme pour se faire pardonner. On a croisé cette dame qui a insisté pour nous mettre à la bonne interaction car « Ici, vous n’êtes pas du tout bien placé ».

Puis, il y a eu cette famille qui se rendait au Futuroscope et leur petite Jana de 7 ans avec qui on a écouté Ghostbuster. Il y a eu aussi les sourires de nos deux mamans et leur petite fille qui allaient faire leur plein d’essence sur le parking du Super U. Et Dominique, pas très bavard mais d’une gentillesse incroyable qui, à la question « Dominique, vous habitez où ? », a répondu en montrant l’arrière de la voiture « 25km par là ». On s’était rendu compte à ce moment qu’il venait de faire un énorme détour pour nous avancer « un peu plus loin » comme notre panneau l’indiquait. Puis, il y a eu ce petit couple qui avait envie de comprendre pourquoi il y avait autant d’auto-stoppeurs déguisés aujourd’hui. Et puis, Alexandre, cet étudiant d’HEC qui rentrait chez ses parents.

 

12h36. Mad-campagne

Si jusqu’à 12h36, nous roulions sur les nationales, croisions une voiture toutes les 30 secondes, la deuxième partie du trajet fut davantage ponctuée de petits bourgs parfois déserts où les voitures ne causent pas vraiment de pollutions sonores. Ce fut le début de notre période bucolique anglophone.

Un bar de village

Volant à droite, notre première conductrice anglaise amoureuse de la région rejoignait ses amis dans le village suivant. Petit trajet mais sympathique. Après quelques valses de mariés sur la place du village de Buissière-Poitevine, la voiture de l’anglais Adrien, de son fils Thomas et de leur chien Biscuit, s’arrête. Adrien conduit tout en faisant la visite touristique. Il sort des prospectus : « 500 Ferrari à Vigeant », « Vide-grenier par ci », « Festival par là »,… Il est heureux de participer avec nous à l’aventure Mad Jacques. Il nous propose le deal suivant : il doit faire des courses à l’Intermarché de « Le Dorat ».

« Si l’Intermarché est ouvert, je vous laisse là. S’il est fermé, je vous emmène encore un peu plus loin ».

Bingo ! Quelques minutes plus tard, Adrien tient parole et vient nous rechercher pour quelques kilomètres supplémentaires. On se laisse avec un grand sourire, un grand merci et une caresse à Biscuit. A Saint-Sormin-Leulac, on fera la rencontre de notre cavalière. Elle conduit une vieille fourgonnette et flippe de la panne. Elle nous raconta un bout de sa vie, comment elle était tout d’un coup devenu cavalière, ses randonnées à cheval. Et puis, il y eut notre videur de boîte de nuit version Bisounours dans sa petite 106, 3 portes. Le même que dans le sketch de Gad Elmaleh. « Il est costaud, il a tout mais il a un seul défaut, il zozote ». Là, pas de zozotage mais une toute petite voix douce. On ne fait pas les malins ; je suis quand même assise à côté d’une matraque avec un bō-jutsu (bâton long de combat) à mes pieds !

14h03. Mad-défis

La Mad Jacques, c’est aussi des défis à valider pour gagner des bonus temps. Si on avait déjà réalisé quelques défis comme « prendre une photo avec le doyen d’un village« , « offrir un cadeau à un inconnu« , ou « encore réaliser une vidéo promotionnelle d’un élément de sécurité d’une de nos voitures hôtes« , il nous restait encore beaucoup de Mad-défis à réaliser. Après quelques minutes dans le village de Saint-Agnant-de-Versillat, nous entendîmes le doux son d’une tondeuse. Après un long moment à chercher par tous les moyens à attirer l’attention de ce riverains, il arrêta son véhicule en disant : « Ça a l’air bizarre votre affaire« .  Il ne faut pas oublier que nous sommes habillés en mariés avec des sac de randonnées sur le dos. On lui explique, il rit, il prête sa tondeuse et voici le résultat. Défi W5 réalisé : « Tonds le gazon d’une maison devant laquelle tu passes ».

#w5 #n1544

Publiée par Thomas Rondio sur samedi 2 juin 2018

Et ce qu’on doit vous dire, c’est qu’en plus de réaliser un défis, on rencontra Josiane, la femme de notre « tondeur-prêteur ». Et Josiane, c’est un monstre de gentillesse. Après nous avoir offert un jus d’orange bien frais, elle décide de nous avancer. En route pour Crozant et son check-point. A nous les indices pour la chasse au trésor !

Pour gagner quelques minutes supplémentaires, on quitte nos habits de mariés et on se jette dans la rivière. Ça rafraîchit. On croise des tortues ninjas et un autre binôme « Où est Charlie ? ». Ils viennent de Paris. Comme quoi, tous les chemins mènent à Crozant ! 

On repart rapidement vers d’autres aventures. Notre objectif : la ligne d’arrivée à Chéniers ! On fait encore de belles rencontres sur la route, pour finir par notre fous-furieux de la Creuse : l’équipe de Cynthia, Christophe et Jojo. Ils connaissent la Creuse comme leur poche, roulent vite, prennent des raccourcis, et sont équipés d’une remorque sur laquelle, il y a un motoculteur ! C’est parfait pour notre dernier défis : « franchis la ligne d’arrivée dans ou sur (mais toujours en binôme) un véhicule roulant non motorisé« . 

16h30. Mad-Paradis

Après 8h30 d’auto-stop et 450km parcourus, nous franchissons la ligne d’arrivée euphoriques sur notre motoculteur. On fait des énormes câlins à nos derniers hôtes. On les remercie, on pense à tous ces incroyables chauffeurs qui nous ont permis d’arriver dans ce petit paradis.

Notre première rencontre est fruitée. Une banane et une fraise nous explique leur voyage en stop depuis Mons en Belgique. Elles sont parties de chez elles, déguisées en salade de fruits à 6h30, et ont une glacière de compétition avec des bières bien fraîches. Nous sirotons ces bulles de la victoire ensemble. 

Pendant les 24h qui vont suivre, on va faire la rencontre de dizaines de personnes. On a tous un truc à se raconter, une histoire d’auto-stoppeur, une rencontre improbable. Ce qui ressort de ce flow d’anecdotes, c’est la bienveillance des chauffeurs, l’envie de partager, de rendre service. Il y a ceux qui sont arrivés en Ferraris, ceux qui ont fait quelques kilomètres en avion, ceux qui ont voyagé en camion à bestiaux. Il y a autant d’histoire que de Mad Jacqueurs. Sur place, on se laisse porter entre stands de produits locaux, concerts, ventriglisse, contes, karaoké sans parole. On se dit « Bonjour », on s’appelle par nos déguisements. « Salut les mariés ! ».

Une ferraris rouge

On envoie un texto à Josiane. Comme une maman, elle souhaite savoir si on est bien arrivés. On lui écrit. Elle nous répond :

« Félicitations ! J’espère que vous garderez de bons souvenirs de cette aventure. En rentrant sur Dun-Le-Palestel j’ai ramené 2 jeunes filles qui étaient déjà passées à Crozant et galéraient pour partir à Chéniers. Elles m’ont laissé un message et semblaient être bien classées. Leur déguisement un panneau stop. Sympathie. Josiane. »

Avec mon binôme, Thomas, nous sommes arrivés dans les 10 premiers finalistes et ce qu’on a gagné ? Le sentiment que lorsqu’on invente des prétextes ludiques à la rencontre, ça marche, et qu’aller à la rencontre de l’autre nous rend plus heureux. Merci la MadJacques pour ce moment de vie ! 

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Crédits photos : Thomas Rondio, Marie Debart, La Mad Jacques

À propos de l'auteur

Dite le petit futé de BEJOUE, elle aime les histoires de jeux et de gens, les enquêtes de terrain au pied de son immeuble, et la moquette dans les pubs.